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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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CHAPITRE X*

LES ARCHIVES

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DEPUIS soixante-quinze ans, la première fonction des Archives nationales a été de préserver et de conserver, au nom de l'État, les dossiers officiels. Au cours des années, cependant, les Archives ont assumé des fonctions connexes et rendu de précieux services qu'aucun autre organisme ne pouvait accomplir. Ici, comme pour d'autres institutions fédérales, le Canada doit beaucoup au zèle et à l'énergie de fonctionnaires qui, heureusement, ont refusé de laisser une étroite conception de leurs attributions restreindre le champ de leur activité.

2.   L'histoire des Archives nationales du Canada remonte à 1872, alors qu'une pétition, signée par “un grand nombre de personnes influentes et dans laquelle se trouvait exposé l'état peu satisfaisant des archives du Dominion, incitait le Parlement à affecter aux travaux de collection et de préservation de celles-ci la somme de $4,000 et les services, à demi-temps, d'un « commis senior de deuxième classe », (1). C'est à l'hospitalité traditionnelle du ministère de l'Agriculture que cette initiative était confiée. Le « commis de deuxième classe », M. Douglas Brymner, fit un si bon emploi de son « demi-temps » qu'on jugeait bon, peu de temps après, de le nommer archiviste en fonction continue. En 1898, une commission ministérielle demandait que les dossiers publics fussent réunis en un même lieu et commis à la garde d'un archiviste fédéral. Au bout de cinq années de délibérations, ce vœu fit l'objet d'un décret du conseil; en 1906, soit trois ans plus tard, l'aile primitive du présent bâtiment était achevée et occupée.

3.   En 1912, sous le régime du deuxième archiviste fédéral, sir Arthur Doughty, une loi des Archives nationales définissait les fonctions de l'archiviste fédéral et en faisait un fonctionnaire relevant du président du Conseil privé. Cette année-là également, une commission royale était constituée en vue « d'enquêter sur l'état des dossiers de l'administration fédérale ».

4.   À cette époque comme maintenant, la garde des dossiers était officiellement confiée aux divers ministères. Ils ne les cédaient à l'archiviste ou au gardien des dossiers que s'ils le voulaient bien. Ils pouvaient

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apparemment, moyennant permission du gouverneur en conseil, détruire les dossiers désuets mais, de l'avis de la Commission, il n'y avait pas eu abus de ce côté bien que l'on crût généralement qu'on ne se montrait pas assez scrupuleux envers les documents d'importance historique. La Commission jugeait plutôt qu'on conservait trop de dossiers inutiles, aux détriment et péril de dossiers d'une importance réelle.

5.   La Commission royale de 1912 critiquait vertement les méthodes d'entreposage :

« Dans la plupart des ministères, si d'une part la correspondance courante est bien classée, d'autre part les vieux documents sont d'habitude relégués aux sous-sol, mansardes ou chambres noires, plutôt, semble-t-il, comme fatras à mettre au rebut que comme dossiers à conserver. Trop souvent, ils ne sont pas disposés de manière qu'on puisse facilement les consulter. Dans bien des cas on aurait de la difficulté à les retrouver. Parfois, on n'a aucun souci de la méthode. Les vieux documents sont empilés dans des locaux inaccessibles sans le moindre classement ou sans indications précises de ce que peuvent renfermer les liasses. Les documents sont exposés à la poussière, à l'humidité et à d'autres agents de détérioration. En certains cas, le voisinage du radiateur les abîme et l'inflammabilité des tablettes est un risque constant d'incendie  »(2). .

6.   On a constaté que certains documents ainsi entassés pêle-mêle, même dans des étables et des mansardes, étaient de grande valeur et qu'ils avaient très souvent une signification historique. Papiers précieux et simple paperasse étaient oubliés là et, pour ainsi dire, perdus et les commissaires indiquaient en termes grandiloquents ce qui serait probablement leur destin :

«  En règle générale, les ministères tolèrent que les papiers s'accumulent librement, pour leur propre embarras et au détriment de documents précieux et importants qui, perdus au milieu de paperasses inutiles, s'enfoncent avec elles dans un oubli commun et risquent fort, s'ils ne sont pas rescapés rapidement, de participer au naufrage général » (3).

7.   Ce réquisitoire, exprimé dans un style digne de l'ère victorienne, était suivi de conclusions d'une vigueur caractéristique elle aussi d'une époque révolue. Les commissaires faisaient observer que la plupart des ministères ne se servaient guère de leurs dossiers au bout de cinq ou dix ans. Il importait donc de les inviter à remettre promptement leurs vieux documents à un bureau officiel, aux Archives. De toutes façons, ils seraient tenus d'en agir ainsi au bout de vingt-cinq ans. Il importait de constituer une commission qui aurait le pouvoir d'autoriser la destruction des dossiers après s'être assurée que tout document d'importance administrative ou historique était conservé. En vue d'assurer l'exécution

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convenable de ce travail, les commissaires demandaient que le bureau des Archives fût doté d'un personnel plus nombreux, de locaux plus vastes et de tout l'aménagement requis.

8.   Si nous avons jugé bon de rappeler assez longuement les travaux de cette commission royale qui siégea il y a une quarantaine d'année, c'est qu'en examinant la situation actuelle nous constatons avec une certaine mélancolie que les commissaires ont travaillé à peu près complètement en pure perte.

9.   Il est vrai qu'il existe aujourd'hui une Commission des dossiers publics, qui a le secrétaire d'État pour président et l'archiviste fédéral pour vice-président. Cet organisme, mis sur pied en septembre 1945 par décret du Conseil privé, a pour mission d'exercer une surveillance constante sur « l'état des dossiers publics » (4).  Son rôle consiste à examiner les documents dont les ministères demandent la destruction, puis à proposer au Conseil du trésor d'autoriser cette destruction si elle le juge à propos. La Commission peut également permettre à un ministère de céder aux Archives les dossiers que l'on entend plutôt transférer que détruire et, dans l'exercice de cette partie de ses fonctions, elle peut agir indépendamment du Conseil du trésor. Le décret constitutif spécifie que la responsabilité principale à l'égard des dossiers de chaque ministère appartient à celui-ci. Il est à supposer que le Conseil du trésor n'en autorise la destruction que sur approbation de la Commission des dossiers publics.

10.   La création de cette commission marque un notable progrès, car, tout en autorisant les ministères à désencombrer leurs locaux, cet organisme prend les moyens de s'assurer qu'aucun dossier qui peut avoir quelque valeur historique ou administrative ne soit détruit. Elle a également pour fonction d'aider les divers services à améliorer leurs méthodes de classement et de conservation. Aussi trouve-t-on aujourd'hui un certain nombre de dossiers ministériels bien classés. D'autre part, s'il y a trente-six ans que la Commission royale d'enquête sur les archives nationales a formulé d'énergiques observations, si l'on pense qu'il y a cinquante-deux ans qu'on a décidé de conserver les dossiers officiels dans un local central sous la garde de l'archiviste fédéral et si enfin soixante-dix-huit ans ont passé depuis que le Parlement a constaté pour la première fois « l'état peu satisfaisant des archives  », il reste qu'aujourd'hui encore l'état général des dossiers publics n'est pas un sujet de fierté pour nous. Pour l'historien qui veut se documenter sur des événements antérieurs à la Confédération, les Archives sont peut-être une mine d'or, mais celui qui voudra relater l'histoire du Dominion sera probablement obligé de chercher ailleurs une bonne partie de sa documentation. Elle est disséminée ici et là, à Ottawa, dans les archives des ministères dont certains fonds sont conservés d'une façon méthodique alors que d'autres — il faut le craindre — ne sont pas mieux classés qu'ils pouvaient l'être en 1912.

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11.   Personne ne sait dans quel état se trouvent ces fonds d'archives ni combien de place ils occupent. Chose certaine, ils en occupent beaucoup plus que les 1,629,014 pieds cubes dont parlait la Commission royale de 1912. Il est également certain que nos collègues d'il y a quarante ans verraient encore des « documents précieux et importants perdus au milieu de paperasses inutiles et menacés de naufrage général ». On nous dit que le ministère des Travaux publics affecte à la conservation de certains fonds d'archives parfaitement désuets et inaccessibles, indépendamment de ceux qui sont encore commis à la garde des divers services, une aire de 350,000 pieds carrés. Le chiffre nous parait étonnant, si nous songeons qu'à Ottawa l'immeuble de la Confédération, grand bâtiment de neuf étages, a une aire active qui ne dépasse pas en tout 190,000 pieds carrés. Environ le tiers des locaux présentement attribués à la conservation des dossiers désuets est loué par l'État à un prix qui atteint en moyenne $1 le pied carré. Si l'on pense que c'est là un loyer équitable en lui-même pour ce genre de choses, il faut noter que le pays affecte $350,000 par année à la conservation de pièces officielles dont peut-être la moitié au moins devrait être détruite — selon une estimation que nous croyons judicieuse. C'est dire qu'on paie $175,000 par an pour la conservation de dossiers qui n'ont plus aucune utilité, ni du point de vue administratif ni du point de vue historique. En 1948-1949, les Archives nationales, dans leur ensemble — et ceci ne comprend pas seulement l'administration des dossiers publics — ont coûté $163,238. c'est-à-dire moins que ne coûte la conservation de documents qu'on peut supposer sans valeur. Même si l'on pouvait facilement se débarrasser des « paperasses inutiles » dont il est question dans le rapport de la Commission royale de 1912, et transporter promptement ce qui mérite d'être conservé au service approprié, l'archiviste fédéral ne pourrait en prendre livraison puisqu'il n'a ni la place ni le personnel requis pour classer et conserver convenablement des documents.

12.   Nous avons discuté le problème non seulement avec l'archiviste fédéral mais avec d'autres historiens qui s'y connaissent dans la tenue des archives. Tous conviennent en général que l'établissement de la Commission des dossiers publics est une première mesure dont il faut se féliciter. Il y aurait lieu cependant d'exiger des ministères qui ont des pièces officielles en leur possession qu'ils ne les gardent que pour un temps limité et qu'ensuite ils les remettent à l'archiviste, quitte, s'il y a lieu, à en restreindre l'usage. Gardés avec soin aux Archives, ces dossiers seraient presque toujours d'accès plus facile non seulement pour l'historien mais pour le ministère intéressé. En outre, quand les Archives de certaines provinces, particulièrement de ces provinces qui sont issues des anciens Territoires du Nord-Ouest, demanderaient, — ce qui est très raisonnable, — la transcription de documents essentiels à la reconstitution des premiers jours de leur histoire, documents présen-

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tement confiés à la garde des ministères de l'Agriculture, de la Justice et d'autres ministères, il serait plus facile de satisfaire à leur requête. Ajoutons, toutefois, qu'avant de donner suite à de telles mesures, il est indispensable d'assurer aux Archives assez d'espace, ainsi qu'un personnel suffisant pour recevoir et garder les dossiers. En outre, toute disposition tendant à assurer plus d'espace et de personnel devrait s'accompagner d'un relevé des documents publics existants qui permettrait de déterminer lesquels seront conservés et lesquels seront détruits. Un tel relevé, nous a dit l'archiviste fédéral, constitue nécessairement une entreprise lente et coûteuse.

13.   Jusqu'ici, nous nous sommes appliqués surtout à souligner la perte qui résulte pour les historiens et les autres intéressés du fait que des dossiers sont gardés dans des endroits peu sûrs ou inaccessibles. La destruction de dossiers par des fonctionnaires inexpérimentés est aussi une éventualité à considérer et, à notre avis, les règlements existants n'écartent pas tout à fait ce danger. Il peut également se produire, pour une raison ou une autre, des pertes, peu nombreuses peut-être mais extrêmement déplorables, nous semble-t-il. Conformément à la coutume établie, on estime que les dossiers privés des ministres de la Couronne sont leur propriété personnelle; les ministres les emportent quand ils quittent leur poste. Malheureusement, il se peut que, par suite de cette coutume, pour des raisons de commodité ou par pur hasard, d'importants documents d'un caractère essentiellement officiel soient versés à ces dossiers. Il est nettement contraire à l'intérêt public que des documents de ce genre passent entre les mains de particuliers. Outre la question de principe en jeu, rien ne garantit qu'ils seront gardés d'une façon sûre. Tout récemment, deux importantes collections « personnelles » qui comprenaient presque sûrement des documents publics ont été détruites par le feu. D'ailleurs, la ligne de démarcation entre documents publics et documents ministériels de nature privée est assez difficile à tracer. C'est là un argument de plus en faveur de l'acquisition des deux genres de pièces à l'intention des historiens et une autre raison de ne plus abandonner cette sorte particulière de pièces d'archives à la fantaisie personnelle de leurs propriétaires et au manque de soins nécessaires à leur conservation.

14.   Les Archives nationales, nous l'avons signalé, ne se sont pas bornées à recueillir et à garder les documents officiels; elles ont déployé leur activité dans d'autres domaines plus ou moins connexes. Grâce aux efforts, à l'application des archivistes fédéraux et de leurs collaborateurs, les Archives ont collectionné un vaste et précieux fonds de manuscrits et de cartes historiques, de même qu'une série de journaux. Ces fonds ont trait en majeure partie à l'histoire du Canada. Aux Archives on trouve également une collection d'estampes et de tableaux, ainsi qu'un musée dont nous avons parlé et qui renferme des uniformes, des armes et d'autres objets précieux et dignes d'intérêt, dont la célèbre maquette

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de la ville de Québec de Jacques Duberger. Sir Arthur Doughty, nous a-t-on dit, voulait recueillir sous le même toit toutes les sources nécessaire à la rédaction de l'histoire du Canada.

15.   Ce dessein grandiose est évidemment impossible à réaliser. Et l'on peut se demander aujourd'hui si une telle disparité d'initiatives n'est pas de nature à nuire aux fonctions fondamentales des Archives. Nous avons mentionné la suggestion qu'on nous a faite de joindre les collections de musée des Archives à d'autres collections importantes et de fonder ainsi un Musée historique canadien. Il y aurait certains désavantages à un tel déplacement. L'institution actuelle constitue un centre où celui qui a le goût de l'histoire peut trouver des sujets d'intérêt très variés. D'autre part, les collections subsidiaires occupent un espace précieux qui serait utilement employé à garder une bonne partie des dossiers que les Archives ont comme première fonction de conserver.

16.   Quelle que soit l'opinion que l'on ait sur le maintien d'une bibliothèque historique, d'un musée et d'une collection de gravures dans l'immeuble des Archives, on s'accorde généralement à dire qu'il ne faut pas séparer les fonds de documents. Les raisons en sont évidentes pour l'archiviste et l'historien, mais elles n'apparaissent peut-être pas aussi clairement à d'autres. Il n'est pas toujours aisé de distinguer un document privé d'un document public, surtout au Canada, et c'est cette difficulté qui a porté le premier archiviste fédéral à ajouter aux documents publics d'autres pièces historiques. Après un examen des pièces que nous avions conservées des régimes coloniaux français et anglais, M. Brymner jugea opportun de compléter la collection en y ajoutant des copies de celles qui avaient été renvoyées en France et en Angleterre. Ne pouvant obtenir les originaux de ces documents, il décida de les faire transcrire et il ouvrit des bureaux à Paris et à Londres à cette fin. La transcription ne s'est pas limitée aux documents de l'époque coloniale; elle s'est étendue à plusieurs autre [sic] genres de pièces historiques conservées à l'étranger. Plusieurs originaux ont aussi été obtenus. S'il est vrai qu'en Grande-Bretagne et aux États-Unis les grandes collections nationales de pièces privées ne sont pas versées aux fonds des archives nationales ou des documents publics, mais confiées au British Museum et à la bibliothèque du Congrès, au Canada on semble d'avis de façon générale, qu'il n'y a pas lieu de modifier sur ce point le régime actuellement en vigueur aux Archives nationales.

17.   De fait, on a insisté sur l'importance qu'il y a de charger un organisme fédéral de découvrir et d'acquérir si possible, dans l'intérêt public, la multitude de documents qui se rattachent à l'histoire du Canada et que possèdent présentement des particuliers; ces documents, inaccessibles au public, sont exposés constamment à se détériorer, à se perdre ou à être détruits par ignorance. Nous parlerons de ce problème quand

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nous étudierons les archives provinciales et locales. Quelques-uns n'ont pas craint d'affirmer que ce problème relevait directement des Archives nationales.

18.   On peut citer plusieurs exemples de documents précieux qu'on a retrouvés dans des endroits tout à fait inattendus. Le conservateur des archives du Séminaire de Québec nous a dit sa surprise et son intérêt de découvrir, parmi ses trésors, les documents de la Compagnie du Nord-Ouest. Il va de soi qu'on les conserve avec beaucoup de soin; ils sont parfaitement accessibles aux hommes d'étude qui savent maintenant où les trouver. On nous a parlé d'autres documents importants trouvés dans une bibliothèque canadienne bien connue. Le bibliothécaire, qui ne connaissait pas leur contenu ni leur importance, offrit à un historien qui semblait s'intéresser à ces documents, de les lui prêter. Offre généreuse, soit, mais inquiétante aux yeux d'un historien ou d'un archiviste. Ainsi, il se peut que des documents confiés à une institution de bonne réputation, mais qui, comme dans le cas présent, n'est pas destinée à la garde de ces documents, soient accessibles sans que d'un autre côté leur sécurité soit parfaitement garantie.

19.   Les risques sont beaucoup plus grand quand les documents se trouvent entre les mains de particuliers. Des groupements, et en particulier la Canadian Historical Society à laquelle nous sommes redevables de la plupart de ces renseignements, ont formulé, sur ce point, d'importantes observations. Comme nous l'avons signalé, de précieuses collections ont été détruites récemment par le feu. Certaines collections privées sont bien connues des historiens. On peut toutefois supposer qu'il y en a d'autres dont nul ne soupçonne l'existence et qui sont entre les mains de personnes qui ne se doutent pas de leur importance(5). La conservation de ces documents est laissée, en somme, aux caprices du hasard. On trouve dans les dossiers de maisons commerciales canadiennes bien connues mais aujourd'hui retirées des affaires, des sources précieuses de renseignements historiques. Le chercheur n'a accès qu'à une faible proportion de ces documents. On sait que quelques-uns ont été détruits; d'autres attendent peut-être quelque part qu'on vienne les y découvrir(6).

20.   Aussi, les personnes qui s'inquiètent de la perte de ces manuscrits demandent-elles non seulement que les Archives maintiennent et étendent leur programme d'acquisition, mais qu'elles prennent des mesures en vue de déterminer l'étendue et la valeur des collections de manuscrits qui se rattachent à l'histoire du Canada, que ces collections soient entre les mains de particuliers ou dans des institutions publiques ou privées. Dans ce but, la Canadian Historical Association suggère que l'on établisse une Commission des manuscrits historiques, semblable à celle qui a fait enquête et présenté un rapport sur la grande profusion de documents historiques détenus par des particuliers en Grande-Bretagne. Cette association

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estime qu'il ne convient pas de charger les Archives d'une tâche si longue et si coûteuse, bien qu'une collaboration étroite des deux services soit évidemment nécessaire. Il s'agirait de déterminer quels manuscrits existent, d'examiner quelles sont les mesures que l'on prend pour les rendre accessibles et pour les conserver, et de préparer un rapport sur la question. Il incomberait probablement aux Archives nationales d'adopter les mesures qui s'imposeraient à la suite de ce rapport.

21.   Les crédits ouverts aux Archives pour ses acquisitions ont varié de $8,500 qu'ils étaient en 1924-1925 à $54,000 en 1934-1935 et cette fluctuation à dépendu en partie de l'importance des collections qu'on pouvait acheter périodiquement. En 1948-1949, ces crédits d'achat ne furent que de $2,500, mais pour l'année courante on a prévu une somme beaucoup plus considérable pour l'acquisition de pièces de valeur qui ont été mises en vente récemment. D'aucuns ont exprimé l'opinion qu'on devrait constituer au moins un fonds de prévoyance pour les acquisitions spéciales. Une enquête systématique comme celle dont il est question ci-dessus, révélerait probablement qu'il existe un nombre suffisant de manuscrits importants à acheter pour motiver l'octroi régulier d'une forte subvention statutaire.

22.   Quand il s'agit d'acheter des documents privés, toutefois, il ne suffit pas de les repérer ni d'en avoir le prix. Nous avons déjà parlé des documents privés des ministres de la Couronne. Plus d'une personne a soutenu qu'on ne devrait rien négliger pour inciter les ministres à remettre aux Archives non seulement tous les documents publics dont ils ont l'usage mais aussi leurs documents privés. De toute évidence ces documents sont le complément indispensable des dossiers publics. Bien des ministres conservent leurs importantes collections et en refusent l'accès aux historiens. Les hommes publics craignent, et à bon droit, que, pour des motifs personnels ou politiques, l'interprétation des textes ne soit faussée. D'ailleurs, tous ceux qui s'occupent d'histoire savent combien il est facile de dénaturer des faits, et combien il est difficile, par contre, de les rétablir.

23.   Le problème n'est pas insoluble. Rien n'empêche un archiviste d'accepter la garde de certains documents, en se soumettant aux réserves que le propriétaire désirerait imposer. Par exemple, celui-ci peut stipuler que personne ne pourra avoir accès à ces documents avant un nombre convenu d'années. Il n'est pas rare, nous dit-on que l'archiviste lui-même refuse communication de certains documents s'il estime que le mésusage de ces textes pourrait susciter des embarras à des contemporains. Une difficulté surgit, dans ce cas particulier : l'archiviste fédéral est un fonctionnaire. Il relève du secrétaire d'État. En principe, ce dernier pourrait passer outre à tout engagement souscrit par son subordonné. Il faudrait donc avoir ici une loi semblable à celle qui, en Grande-Bretagne,

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assure protection pendant cinquante ans à certains documents privés, afin de rassurer les gens soucieux du bien public et qui seraient disposés à confier leurs dossiers aux Archives mais qui, par souci de leur propre réputation ou des sentiments de leurs amis, ne veulent pas s'exposer au danger d'interprétations inexactes, voulues ou non.

24.   On nous fait observer qu'il serait possible de faciliter l'acquisition de documents privés par les Archives grâce à la création d'un conseil d'administration semblable à celui de la Galerie nationale. Un tel organisme pourrait, nous dit-on, étayer d'une plus forte mesure d'autorité légale les restrictions sur l'emploi des documents. De plus, il stimulerait l'intérêt que prend le public aux collections privées des Archives et pourrait peut-être aider sérieusement à trouver et à obtenir des documents de valeur. Ce Conseil ne pourrait, évidemment, assumer aucune responsabilité à l'égard des dossiers publics. Il ne s'occuperait que des collections privées mais rendrait peut-être aussi de grands services en formulant avis et recommandations sur la façon dont les Archives peuvent aider les sociétés bénévoles et le public. Il agirait enfin comme stimulant dans cette collaboration des Archives nationales avec les archives provinciales, dont nous avons signalé la nécessité.

25.   On nous dit que les Archives pourraient par divers moyens accroître leur utilité dans la nation. Le besoin d'un service de microfilm à l'intention d'autres bureaux d'archives et à l'avantage des chercheurs se fait sentir depuis longtemps. Il paraît qu'on est en train d'établir cet instrument de travail si indispensable. Ne serait-ce que pour parer à la destruction possible de documents au cours d'une guerre, ce serait déjà en soi une bonne raison de l'organiser, mais il existe bien d'autres motifs de l'instituer. Jusqu'ici, à la différence des hommes de science spécialisés dans d'autres domaines, ceux qui s'adonnaient aux recherches historiques se voyaient dans la nécessité d'entreprendre de longs voyages et de s'absenter longtemps de leurs foyers afin d'aller consulter sur place certains documents. L'usage du microfilm inauguré dans un certain nombre de bureaux d'archives a de beaucoup allégé leur tâche. Les Archives nationales n'ont encore qu'un service très restreint de reproduction au photostat, plus cher et moins commode. Le microfilm peut certainement favoriser et stimuler les recherches historiques, surtout dans les régions reculées du pays. Il pourrait servir aussi à combler les lacunes des archives régionales, surtout dans les provinces détachées des Territoires du Nord-Ouest et qui, — nous l'avons signalé précédemment, — s'intéressent d'une façon particulière aux Archives nationales. Certaines sociétés ont soutenu que le gouvernement fédéral ne devrait pas collectionner les documents qui ont rapport aux provinces, qu'il devrait même remettre à ces dernières certains documents qu'il possède dans ses archives. Or, un service de microfilm répondrait probablement à ces vœux. Les archivistes s'accordent à dire que, lorsqu'on leur offre des documents, le bon

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sens et les convenances exigent que ces derniers soient déposés à l'endroit où ils serviront au plus grand nombre. Il est, toutefois, impossible d'établir une ligne de démarcation bien définie entre les documents de caractère provincial et les documents de caractère national. Il est douteux, d'autre part, qu'un organisme quelconque puisse ou doive se départir de documents dont il a légalement la garde. La collaboration suivie et amicale que favoriserait l'établissement d'un conseil d'administration est peut-être la solution du problème. L'inauguration d'un service important de microfilm, qui tiendrait compte des intérêts légitimes de ceux qui étudient l'histoire, y contribuerait également.

26.   Grâce à la publication de documents importants, les Archives nationales ont longtemps aidé les spécialistes de L'histoire. On réclame de toutes parts la reprise et l'extension de ce service. La dernière publication importante, qui date de 1936-1937, est celle de la précieuse série de documents de lord Elgin. C'est la documentation sur la période écoulée depuis 1867 qui manque le plus. Cette lacune est la conséquence du désordre qui règne dans nos dossiers publics. Il paraî t que les préposés aux archives méditent divers plans, y compris celui de dresser l'index des Débats de 1865 relatifs à la Confédération. Ils se proposent aussi de publier un volume de lettres de Montcalm et d'établir un nouveau catalogue de cartes géographiques. Un conseil d'administration pourrait aider au progrès sur tous ces points. Un autre service éducatif, déjà établi et instamment préconisé dans le mémoire présenté par les Archives nationales, consiste à produire, avec le concours de l'Office national du film, des bandes d'images destinées aux écoles, associations et cercles d'études. On peut reproduire de la sorte des gravures, des cartes géographiques et des lettres personnelles. De telles initiatives stimulent l'imagination et le goût des choses historiques, sans lesquels il est difficile de répandre la compréhension réelle de l'histoire.

27.   Un des problèmes qui se posent aux Archives nationales comme à certaines archives provinciales, c'est celui du recrutement d'un personnel bien au courant de l'histoire, connaissant surtout l'histoire du Canada et préalablement initié à la technique des archives. Nous apprenons que dernièrement les Archives ont décidé d'envoyer leurs employés suivre des cours de formation professionnelle, dès que les fonds et d'autres circonstances le permettront. D'après un archiviste provincial, si les Archives nationales avaient un personnel plus nombreux et de meilleures installations, elles pourraient elles-mêmes contribuer à la formation d'archivistes attachés à des institutions moins importantes. On nous a signalé les avantages qu'il y aurait à appliquer un tel plan d'ensemble et une requête venue du Nouveau-Brunswick en appuyait l'idée. Outre la formation des archivistes, ce plan pourrait comprendre aussi un projet de coordination dans les modalités de la technique des archives. Il appartiendrait aux Archives nationales de prendre l'initiative dans ce domaine.

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ARCHIVES RÉGIONALES

28.   On nous l'a souvent rappelé, il est difficile, dans le travail d'archives, de disjoindre l'histoire nationale et l'histoire régionale ou provinciale. La collection régionale, qu'elle soit provinciale, municipale ou privée, est un élément essentiel à l'efficacité de l'institution nationale : d'abord, à cause de sa richesse en textes originaux; ensuite, parce qu'en raison de sa situation et de son rôle particulier, elle peut réunir et conserver des documents qui autrement pourraient être détruits; enfin, parce que son existence même et les services qu'elle rend favorisent les recherches historiques méticuleuses et avancées auxquelles s'intéresse au premier chef l'institution nationale(7).

29.   Sur le plan régional comme sur le plan national, il n'existe pas véritablement au Canada de système approprié pour la collection et la conservation des dossiers publics ou autres documents relevant des archives. Des indices de progrès se manifestent en ce sens, mais ils sont encore trop rares et trop faibles. Au cours de nos déplacements, nous avons cependant noté avec un vif intérêt l'intérêt grandissant que les organismes bénévoles portent au sort des documents historiques, tant publics que privés. Une cinquantaine de groupements ont formulé des observations au sujet des Archives nationales; plusieurs d'entre eux nous ont aussi communiqué des renseignements sur le problème des archives dans leurs propres régions. Nous avons eu l'avantage, en outre, de recevoir des communications, directes ou indirectes, de plusieurs archivistes provinciaux.

30.   À propos de l'état des archives publiques dans les provinces canadiennes, il y a lieu de se poser deux questions. La première a rapport aux dossiers publics des provinces. Existe-t-il, juridiquement et pratiquement, un moyen d'empêcher les fonctionnaires qui ne se rendent pas compte de la valeur historique possible de ces documents ou qui n'ont pas la place requise pour les conserver, de les détruire d'une façon inconsidérée ? D'après les réponses que nous avons reçues, un état de choses assez peu satisfaisant jusqu'ici présente des indices d'amélioration. Dans trois provinces (l'Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan), on est tenu, en vertu d'une disposition juridique, d'obtenir le consentement de l'archiviste, avant de détruire des documents publics; mais dans l'une de ces provinces, la loi n'a pas été proclamée et, en droit strict, ne se trouve pas en vigueur. Dans trois autres provinces, on reconnaît l'importance historique des archives, bien que l'archiviste n'ait pas qualité de fonctionnaire officiel et l'on y prend des mesures contre la destruction irréfléchie des documents. Dans quatre autres provinces, la loi n'offre aucune protection de ce genre. Il faut ajouter que, malgré sa valeur comme témoignage d'intérêt public, une prescription législative ne représente pas nécessairement l'unique critérium. Une loi peut certes rester lettre morte par le fait de fonctionnaires désireux, pour quelque raison, de détruire

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des papiers. En revanche, des fonctionnaires peuvent collaborer cordialement avec un archiviste, sans obligation juridique de le faire. On nous informe que, dans trois provinces où n'existe pas une protection juridique complète, la collaboration volontaire des fonctionnaires et de l'archiviste assure la bonne garde et la conservation des archives provinciales.

31.   La deuxième question a trait aux conditions matérielles de la conservation et de la consultation des archives. Ces conditions peuvent varier autant que varient les dispositions juridiques d'une province à l'autre. Grâce à la générosité de particuliers, la Nouvelle-Écosse, province où l'histoire est à l'honneur, possède un édifice moderne et convenable. Les archives de la province de Québec, organisées il y a une trentaine d'années, occupent un étage dans le musée provincial et disposent d'un personnel et d'un budget raisonnablement suffisants, bien que nous ayons entendu des plaintes quant à l'encombrement des lieux. L'Ontario vient de terminer la construction d'un édifice moderne sur les terrains de l'Université de Toronto. Les précieuses archives de la Colombie-Britannique sont convenablement logées et conservées dans le même bâtiment que la bibliothèque de l'Assemblée législative. Les trois provinces des Prairies sont moins favorisées. Le Manitoba et la Saskatchewan disposent d'un certain espace à la bibliothèque de l'assemblée législative. La Saskatchewan dépose aussi d'importantes collections dans un local fourni par l'université provinciale. L'Alberta n'a pas pris de dispositions méthodiques jusqu'ici, non plus que les provinces de l'Atlantique : Nouveau-Brunswick, Île du Prince-Édouard et Terre-Neuve, mais les autorités et les spécialistes ont exprimé leurs préoccupations au sujet de ce problème. Il faut ajouter aussi que certains services provinciaux d'archives publient parfois d'importants ouvrages.

32.   Si les archives des gouvernements provinciaux sont la propriété des provinces, elles forment aussi un élément des archives de la nation. En outre, bien que maintenus par les gouvernements pour conserver les documents publics, ces services provinciaux, s'ils tombent sur une pièce d'importance historique, la verseront dans leur collection et s'arrangeront pour la conserver en lieu sûr plutôt que de la laisser se perdre. Comme tout véritable établissement philanthropique, ils peuvent se targuer de n'avoir jamais négligé aucun cas digne d'intérêt. La chose est d'importance considérable quand on pense que le manque d'espace oblige les gouvernements provinciaux à vider périodiquement leurs armoires et leurs caisses de vieux dossiers, pour faire place aux nouveaux. Si l'archiviste de la province a su créer de l'intérêt envers ses archives on ne manquera pas de le consulter dans de telles occasions. Les particuliers ou les groupes ayant à se débarrasser de vieux papiers feront de même. Le travail précieux de plusieurs archivistes provinciaux dans le domaine de la recherche et de la vulgarisation historique est bien connu. L'un

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d'entre eux a justement exprimé, dans les termes qui suivent, leur conception générale du problème des archives et le souci qu'ils ont de voir à la collection des sources historiques :

« L'historien d'aujourd'hui et ses collègues des sciences politiques, de la sociologie, de l'économie et de l'anthropologie s'intéressent aux faits et gestes des peuples et non pas seulement à ceux des chefs politiques et militaires. On peut prévoir que cet intérêt n'ira qu'en s'accroissant dans une société démocratique. Les sources de toutes ces études sociales sont les documents que produit de jour en jour l'activité diverse des individus, des groupements, des établissements commerciaux et des gouvernements. Or la responsabilité initiale dans la conservation de ces pièces retombe d'abord sur ceux qui les mettent au jour, ou leurs héritiers et successeurs. Trop souvent, on a négligé de remplir cette obligation, au détriment de l'histoire locale, provinciale et nationale. Nous ne pourrons remédier à cet état de choses qu'en comprenant mieux que, si l'on veut que l'histoire enregistre l'activité générale, chacun doit contribuer à rendre le dossier aussi complet et exact que possible  »(8).

33.   Comme en font foi ces remarques, l'intérêt qu'inspirent les archives à l'archiviste provincial dépasse le cadre de sa propre collection. Il peut donner de précieux conseils aux sociétés historiques et autres qui recueillent des documents particuliers. On nous dit que des sociétés historiques ont constitué dans plusieurs provinces des collections particulières dont la valeur et l'intérêt sont inégaux, bien entendu. Certaines de ces collections sont des modèles du genre et, comme il en va du Musée du Nouveau-Brunswick, elles sont la manifestation de l'intervention très précieuse de l'initiative privée dans un domaine où parfois le gouvernement s'abstient. Certains désavantages qu'on nous a signalés s'ensuivent toutefois. On nous a parlé de deux sociétés privées qui, bénéficiant de subventions publiques plus ou moins généreuses, ont formé des collections importantes. Malheureusement, ces deux sociétés, faute de connaissances nécessaires et d'esprit critique, ont gaspillé de l'argent dans l'acquisition de bagatelles et de pièces dont on trouve facilement le double ailleurs. Il est aussi à craindre que la société privée soit incapable de prendre le soin voulu d'une collection ou d'en assurer l'accès facile aux chercheurs. On a prétendu que, d'ordinaire sinon toujours, la société historique ne peut mieux servir la cause de l'histoire qu'en se constituant l'agent et l'auxiliaire d'une institution régulièrement formée pour la garde des archives. Une collaboration intéressante et à l'avantage mutuel des parties existe au Manitoba, où la vénérable Historical and Scientific Society, fondée huit ans après la création de la province, loge ses collections dans la bibliothèque provinciale, sous la garde du bibliothécaire et de l'archiviste. Ces pièces se trouvent ainsi sous bonne garde et accessibles aux chercheurs; elles sont classées et cataloguées avec les archives provinciales. On s'est rendu compte qu'il est cependant préférable que l'Historical Society

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demeure légalement la dépositaire. Elle peut ainsi continuer à recevoir des documents d'ordre privé par l'intermédiaire de ses membres. On a constaté en effet que nombre de gens consentiront à donner leurs papiers à une société particulière, tout en n'étant pas disposés à les céder à une institution publique. Nous avons appris que, dans une province, des membres de la société historique régionale ont reçu en don d'anciennes et importantes pièces d'archives, y compris des documents publics, grâce semble-t-il à des relations personnelles. Ceux qui en étaient les propriétaires n'avaient aucune idée de leur valeur. L'association heureuse de l'Historical Society du Manitoba et des archives provinciales ne représente que l'un des nombreux moyens de collaboration entre groupes de collectionneurs particuliers dont les renseignements et l'influence sont d'ordre local et le service d'archives qui possède les connaissances spécialisées, un personnel compétent et un endroit pour conserver les collections (9).

34.   On ne saisit peut-être pas pleinement la grande importance que présente pour la nation la conservation appropriée de tous les documents de valeur. Cependant nombre de gens déplorent le manque relatif de bons ouvrages d'érudition sur notre pays, son histoire et ses traditions. D'aucuns ont prétendu que, malgré quelques publications récentes et bien accueillies, les historiens canadiens n'ont pas encore su combler l'écart entre le domaine de l'érudition et le niveau du lecteur moyen. De leur côté, les historiens ont indiqué quel grave désavantage entraînent pour eux la destruction et la disparition continuelles ainsi que l'inaccessibilité des matériaux qui entrent dans la composition de leurs ouvrages. Un moyen d'y remédier, au dire des archivistes, des historiens et de gens adonnés aux recherches historiques, c'est l'appui intelligent et soutenu du public aux archives tant nationales que provinciales, et c'est aussi la collaboration des bureaux d'archives entre eux.

*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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