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ARCHIVÉE - Patrimoine documentaire des Autochtones

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Série Rouge et série Noir

Par Sean Darcy

Essai

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Les séries Rouge et Noire : 1872 à 1923

Ce n'est qu'en 1872, année où l'on a introduit un système de conservation strictement numérique, qu'on peut parler d'un système central de conservation des dossiers par le ministère des Affaires indiennes. Les autres ministères, comme le ministère de l'Intérieur, ont adopté le même système de conservation des dossiers au début des années 1870. 6 Le système du ministère des Affaires indiennes, qui ne touchait que la correspondance envoyée et reçue à l'administration centrale, est devenu plus connu sous le nom des séries Rouge et Noire. Ces noms proviennent de la couleur des livres en cuir utilisés par les archives ministérielles pour distinguer la correspondance venant de l'est et de l'ouest du Canada.

Selon ce système de conservation des dossiers, on apposait un tampon sur chaque lettre reçue par le ministère avec la date de réception puis on y insérait la lettre en question. S'il n'y avait pas de correspondance précédente à ce sujet, on inscrivait un résumé du sujet sur un nouveau dossier pour ensuite y placer la lettre. Ces renseignements étaient ensuite copiés dans le registre. La lettre, le dossier et les renseignements du registre portaient tous le même numéro d'enregistrement de la lettre. 7 Les registres comprenaient le numéro d'enregistrement de la lettre, le nom de l'expéditeur, un résumé de la lettre, la date de la lettre, la date de réception et le numéro de dossier attribué à la lettre. Plus tard, la correspondance reçue par le ministère sur des sujets existants se voyait attribuer un nouveau numéro, inscrit au registre, mais était maintenant placée dans le dossier de ce sujet.

Ces registres étaient les principaux outils des commis qui tentaient de trouver les fichiers qui étaient placés dans ces premiers dossiers ou qui avaient été transférés dans le système central de conservation des dossiers du ministère des Affaires indiennes. Le système de classement comptait aussi un registre de « Sujet étendu » qui regroupait les lettres en ordre alphabétique des correspondants ou du sujet. Les premiers de ces registres étaient simplement classés par ordre alphabétique des correspondants; puis, dans les années 1880 ces registres sont devenus plus sophistiqués. On y comptabilisait la correspondance non seulement par personne mais aussi par sujet : traités, permis de coupe, actes de concession, agences indiennes ou ministères par exemple.

Les registres de la série Rouge comprennent des documents de 1872 à 1923 (des numéros d'enregistrement 1 à 588500). Cette série comprenait initialement tous les documents des registres centraux générés par le ministère, puis en 1882, avec la croissance des activités gouvernementales dans l'ouest du Canada, le ministère a créé un registre et un système d'index pour les documents de l'ouest du Canada et des Maritimes qu'il a nommés la « série Noire ». Après 1907, les documents des Maritimes ont été placés dans la série Rouge. Les registres de la série Noire comprennent des documents de 1882 à 1919 (des numéros d'enregistrement 1 à 529438) et ceux de la série Rouge, assez bizarrement d'ailleurs, vont de 1881 à 1923 (des numéros d'enregistrement 1 à 580000).

Ces premiers registres constituent un outil de recherche puissant qui permet aux chercheurs de relier d'anciens documents ministériels, tels que ceux créés par le secrétaire civil ou le bureau du surintendant adjoint, aux documents des séries Rouge et Noire. En examinant les premiers index, les renvois et les premières lettres, on a découvert que les documents des systèmes de classement précédents utilisés par le bureau du surintendant adjoint avaient été transférés à la nouvelle série Rouge tandis que les documents de l'ancien système utilisé par le secrétaire civil ne faisaient figure, dans les registres, que de renvois.

Ce système de classement a été introduit peu de temps avant l'adoption de la Loi sur les Indiens (Acte des Sauvages)en 1876; une loi qui, pour la première fois, regroupait tous les dossiers légaux touchant les Premières nations sous une seule loi. Le ministère des Affaires indiennes a été chargé, en vertu de la Loi sur les Indiens, de gérer tous les aspects de la vie de ceux qui y étaient mentionnés.

L'historien John Milloy fait valoir que, par l'entrée en vigueur de cette loi, le gouvernement fédéral a obtenu le « pouvoir de décider, unilatéralement, de tous les aspects de la vie dans la réserve et de créer toutes les infrastructures nécessaires afin d'atteindre le niveau d'assimilation et d'émancipation désiré et conséquemment, la disparition éventuelle des Premières nations ». 8 [traduction] Les sujets des documents ajoutés progressivement au registre des « Sujet étendu » reflétaient l'introduction des nouvelles lois comme l'Acte pourvoyant à l'émancipation graduelle. C'était le symbole d'une cosmologie mondiale, d'une tentative de création d'une taxonomie pour toutes les activités des Premières nations, des politiques gouvernementales en passant par les questions personnelles comme le statut de membres, les testaments, les successions et les cessions de terre aux questions banales comme le sable et le gravier et les permis pour les chiens.

Les séries Rouge et Noire se sont révélées être beaucoup plus complexes que les recherches précédentes semblaient l'indiquer : on n'utilisait pas qu'un simple système ordinal numérique. Bien qu'on ait débuté en utilisant un système numérique, le ministère des Affaires indiennes a rapidement essayé d'introduire un ancien système de classification qui regroupait les dossiers par sujet auxquels on ajoutait le code de responsabilité de l'agence. En 1902, le ministère a constaté que le système de conservation numérique selon quelques sujets communs (des fournitures de bureau aux livres de caisse aux dossiers des membres) serait bientôt trop encombrant.

Donc, lorsque le ministère est arrivé à la lettre numéro 254000 dans la série Rouge, il a adopté un « système général de sujets » selon lequel on assignait un numéro de dossier, qui allait de 254000 à 254022. Le ministère a attendu jusqu'en 1913 avant d'adopter le même système pour la série Noire. Lorsqu'il a atteint le numéro d'enregistrement de lettre 269980 dans la série Noire, le ministère a laissé plusieurs pages blanches dans le registre et a complété le registre au numéro 427000 puis a assigné des numéros plus petits que 427000 aux sujets. G.M. Matheson a décrit ce système comme les séries des sous-nombres.

On a ensuite attribué un numéro de sujet aux écoles selon la première lettre enregistrée au nom de cette école. Par exemple, la correspondance au sujet de l'École de jour Spanish River était classée dans le dossier 151725 et on attribuait un indice supérieur particulier à ce type de correspondance. Le nombre 151725-10 par exemple indiquait qu'il s'agissait d'un document d'admission et de destitution de l'École de jour Spanish River.

L'ajout de codes de responsabilité pour les agences indique l'augmentation du volume des documents conservés et générés par le ministère des Affaires indiennes ainsi que la présence accrue d'agences ministérielles au pays. Les premiers dossiers des séries Rouge et Noire n'avaient pas de codes de responsabilité d'agence jusqu'au début des années 1880. Ce n'est qu'avec l'augmentation de l'activité ministérielle que l'administration centrale a dû ajouter un autre outil au système existant afin de permettre la recherche de documents générés par une agence en particulier sans avoir à tout réorganiser les documents pour chaque agence. En outre, vers le milieu des années 1880, les registres « Sujet étendu » renvoyaient à de la correspondance classée sous des titres d'agences. Tous les documents de la série Rouge à l'administration centrale sur l'agence Manitowaning, par exemple, renvoyaient à « Agence Manitowaning ».

L'introduction des codes de responsabilité des agences est une caractéristique importante de la façon dont le système central de classement du ministère des Affaires indiennes a évolué. Le Ministère a continuellement adapté l'ancien système à ses exigences opérationnelles jusqu'à ce qu'il devienne trop encombrant à maintenir. L'ancien système a été abandonné à ce moment mais certaines caractéristiques ont été choisies et ont servi de base au système suivant.

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